Comment protéger la Seine ? 50 Parisiens font 9 propositions
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Mise à jour le 05/06/2025

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Pour penser un avenir durable à la Seine, 50 Parisiens tirés au sort ont participé à une convention citoyenne inédite. Le fruit de leurs travaux a été présenté ce mercredi 4 juin aux élus en séance du Conseil de Paris.
Neuf grands principes et des dizaines de propositions concrètes. Après trois week-ends de travail, les membres de la Convention citoyenne des droits de la Seine se sont mis d’accord sur des messages communs à porter aux élus parisiens… mais pas que ! Les 50 Parisiens et Parisiennes ont également appelé à changer de regard sur les droits de la nature en France. Cela passe par un plus large débat démocratique qui pourrait, selon eux, advenir grâce à une convention citoyenne au niveau national, ainsi qu’à la tenue d’un référendum.
Les propositions des citoyens pour la Seine
Garantir que nos activités économiques et nos usages n’altèrent pas la qualité de la Seine et sa biodiversité
Pour cela, les citoyens proposent de clarifier et d’harmoniser les règlements, tout en contrôlant davantage leur respect. Ils appellent également à favoriser les pratiques vertueuses avec des bateaux écologiques, de l’agriculture biologique pour moins polluer le fleuve et une attention portée à la limitation de la pollution sonore et lumineuse, qui affecte la biodiversité.
Garantir un développement maîtrisé, équilibré et soutenable des usages
La convention citoyenne souhaite que l’on empêche des monopoles de se développer dans les usages du fleuve (ce qui permettrait à un acteur d’édicter des règles pour les autres), tout en favorisant l’insertion de plus petits acteurs, notamment ceux à but non lucratif. Plus largement, les citoyens souhaitent que l’on garantisse l’accessibilité des bords de Seine à toutes et à tous, et plus particulièrement aux personnes en situation de handicap.
Considérer la Seine comme un écosystème dont personne ne peut revendiquer la propriété
Les citoyens soulignent qu’il faut repenser la relation entre l’humain et la nature, et définir un nouvel équilibre avec un point de départ clair : la sauvegarde du vivant doit primer sur tout. Pour cela, la convention citoyenne propose la mise en place d’un processus de décision collégiale afin d’évaluer l’intérêt général de tout projet impactant la Seine ou son bassin versant.
Garantir l’effectivité de la protection des écosystèmes de la Seine
La convention citoyenne propose de reconnaître la Seine comme un sujet de droit, doté de droits propres, à travers une loi lui accordant une personnalité juridique. Reconnaître cette personnalité implique de créer une instance représentative qui serait la « gardienne du fleuve », chargée de défendre ses droits et son intégrité. Cette instance s’appuierait sur un comité scientifique indépendant.
Faire respecter les lois existantes
« La protection de l’environnement ne souffre pas uniquement d’un manque de loi, mais surtout d’un manque d’application de celles qui existent déjà », estiment les 50 citoyens. Ils proposent de renforcer les contrôles sur la mise en œuvre des lois environnementales avec des moyens humains, techniques et financiers plus importants.
Un Parlement de bassin intégrant les citoyens
La convention citoyenne propose la création d’un « Parlement de la Seine » avec une gouvernance tournante, composée de différents collèges : collectivités, État, acteurs du monde économique, citoyens, associations. Il serait un lieu de débat et de concertation doté de véritables outils pour agir : en inspectant certaines actions, en évaluant leur conformité avec les orientations adaptées et en labellisant les initiatives jugées vertueuses. Sa gouvernance se veut fondée sur la transparence des savoirs avec l’objectif de rendre les données scientifiques accessibles et compréhensibles.
Construire une vision globale et de long terme intégrant la prévention et la gestion des risques
Cette vision doit permettre de fonder l’action publique sur une base de connaissances partagée, construite avec tous les acteurs et reposant sur des données scientifiques fiables. Pour cela, la convention citoyenne propose de créer un observatoire scientifique qui puisse s’articuler avec le conseil scientifique de l’Office de biodiversité existant.
Développer les pratiques culturelles et l’éducation active autour de la Seine et de l’eau
Cette proposition doit permettre de faire émerger une conscience collective du fleuve et de ses enjeux. Elle pourrait passer par une sensibilisation de toutes les générations à travers une mobilisation culturelle et l’organisation d’événements, comme une grande fête annuelle ou une semaine dédiée à la Seine ainsi que la création d’un musée ou d’une maison de la Seine.
Intégrer la qualité de l’eau au même niveau de priorité que celle de l’air
Il apparaît crucial pour les participants de rendre visible et compréhensible l’état écologique du fleuve. Pour cela, la convention citoyenne propose de développer une signalétique autour de la Seine avec des panneaux interactifs indiquant la qualité de l’eau, la comparaison à des seuils ou moyennes saisonnières, la présence de biodiversité…
Des idées pour aujourd’hui et demain
La Ville de Paris est déjà engagée sur plusieurs propositions, telles que la promotion des bateaux écologiques, le soutien à l’agriculture biologique via Agri Paris Seine ou encore la prévention des inondations et la désimperméabilisation des sols grâce aux derniers plans environnementaux.
La proposition d’une grande fête annuelle dédiée à la Seine trouve écho cette année dans l’événement festif de l’été : Paris en Seine. Tout comme l’objectif de sensibilisation du grand public aux enjeux de la Seine, puisque le bateau Fluctuat, amarré au port de l’Arsenal, proposera tout l’été des balades pédagogiques sur le fleuve.
Après la présentation de cet avis citoyen devant les élus parisiens, le Conseil de Paris a soutenu différentes propositions à travers un vœu adopté par ses membres. Dans celui-ci, il demande notamment au Parlement d’adopter une loi donnant à la Seine une personnalité juridique « sous la forme d’une personne morale de droit public, permettant à une autorité gardienne indépendante de défendre en justice ses droits ». Une reconnaissance qui existe déjà dans certains pays : en Nouvelle-Zélande pour le fleuve Whanganui ou en Espagne pour la lagune de Mar Menor.
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