Le cinéma s’invite dans la ville pour Nuit Blanche, transformant l’espace public en une toile de projection éphémère.
Annulations
En raison de la pluie, les projections prévues sur la Place des fêtes et sur le parvis de la mairie du 14e sont malheureusement annulées.
Les grandes réalisatrices Delphine Seyrig, Alice Guy, Germaine Dulac, Chantal Akerman, Agnès Varda et Jacqueline Audry illuminent la nuit de leurs œuvres. Paris et le cinéma ne font plus qu’un. La ville devient la peau du cinéma, se pare d’images et de récits. Ses murs et ses places, sous les étoiles, deviennent des lieux de résistance par l’art. Donner à voir ces films dans l’espace public, c’est rappeler que le cinéma de ces femmes réalisatrices est différent, qu’il est un outil puissant pour interroger le monde, provoquer des émotions et nourrir des réflexions. Les films, projetés dans leur intégralité, refusent le mode de consommation rapide : le spectateur, enveloppé par ces visions, est invité à décélérer, contempler et se laisser surprendre.
Figure emblématique du cinéma engagé et poétique, Agnès Varda a toujours fait de son art un acte de résistance, un espace de liberté et d’émancipation. Avec L’une chante, l’autre pas, elle plonge le spectateur dans le combat de deux femmes pour leur autonomie et leur droit à disposer de leur corps, à une époque où ces questions étaient encore marquées par de nombreux tabous. En mêlant musique, documentaire et fiction, Agnès Varda transcende les codes du récit classique et propose un cinéma vibrant, à la fois l’intime et universel. Projeter une telle œuvre, c’est affirmer que l’engagement artistique ne connaît ni frontières ni époques : il éclaire les luttes d’hier, résonne avec celles d’aujourd’hui et inspire celles de demain.
⮕ Place Ferdinand Brunot (parvis de la Mairie du 14e arr.) Paris 14e
⮕ Une projection en boucle de 22h à 5h du matin (début du film à 22h, 00h10 et 2h20)
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Chantal Akerman, Jeanne Dielman 23, Quai du Commerce, 1080 Bruxelles, 198 min, 1975
Ce choix est une déclaration. Film radical, chefd’œuvre féministe et expérimental, Jeanne Dielman, 23 quai du Commerce, 1080 Bruxelles défie les conventions narratives. Il dévoile le quotidien d’une femme jusqu’à l’explosion, révélant l’enfermement et la tension par la répétition des gestes et le silence des dialogues. Par cette mise en scène minutieuse, Chantal Akerman fait acte de résistance : contre l’accélération, la facilité, l’invisibilisation des vies silencieuses. Projeter ce film en plein air, c’est réaffirmer que le cinéma est un espace d’insoumission, une arme puissante. C’est affirmer que l’art est un acte de lutte et de liberté.
⮕ Place des Fêtes, Paris 19e
⮕ Une projection en boucle de 22h à 5h (début du film à 22h, 00h10 et 2h20)
Ce documentaire essentiel donne la parole à des actrices de renommée internationale sur leur place dans l’industrie du cinéma, révélant avec force et lucidité les injonctions, les inégalités et les oppressions qu’elles subissent. En recueillant ces témoignages, Delphine Seyrig s’engage dans une résistance cinématographique : celle de rendre visible ce qui est occulté, de questionner les normes et de revendiquer une parole libre.
⮕ Terrain de sport des jardins Saint-Paul, 9 rue Charlemagne, Paris 4
⮕ Une projection en boucle de 22h à 2h du matin (début du film à 22h et 00h15)
Le film Olivia de Jacqueline Audry, considéré par de nombreux spécialistes comme le premier film lesbien, est présenté. Jacqueline Audry, dont l’œuvre a souvent été négligée par l’histoire du cinéma, est l’une des rares réalisatrices à avoir imposé sa voix dans un cinéma français d’après-guerre encore verrouillé par les hommes. Son regard interroge la construction des désirs féminins et le poids des conventions sociales. Là où le cinéma de son époque tend à figer les femmes dans des archétypes – mères dévouées, ingénues innocentes ou fatales manipulatrices – la cinéaste filme des héroïnes ambivalentes, libres d’expérimenter leur propre trajectoire. La redécouverte de ce film souligne aussi les angles morts de l’histoire du cinéma : pourquoi Jacqueline Audry, malgré son succès public, a-t-elle été si peu considérée par la critique et les institutions ? Pourquoi son œuvre n’a-t-elle pas trouvé la place qu’elle mérite dans la mémoire collective du 7e art ?
⮕ Gymnase Micheline Ostermeyer au 22 bis Esplanade Nathalie Sarraute, Paris 18e
⮕ Une projection en boucle de 22h à 2h du matin (début du film à 22h et 23h45)
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Alice Guy, Madame à des envies, 4min, 1906 et Germaine Dulac, La Souriante Madame Beudet, 38min, 1923.
Avec ces deux propositions, ce sont deux regards avant-gardistes sur la condition féminine qui se répondent. Le film d’Alice Guy est une comédie burlesque audacieuse mettant en scène une femme enceinte prise de désirs irrépressibles, détournant avec humour les codes du cinéma d’alors. La première réalisatrice de fiction de l’histoire y fait preuve d’un sens du rythme et d’une liberté de ton remarquables. Quant au film de Germaine Dulac, il est considéré par certains comme le premier film lesbien et féministe de l’histoire. Le film met en scène une femme, mariée à un homme autoritaire dépourvu d’imagination, rêvant d’échapper à son quotidien lancinant. Par un travail novateur sur le montage et l’expression des pensées intérieures, Germaine Dulac signe un drame poétique brillant.
⮕ Façade de l’immeuble au 115 quai de Valmy, Paris 10e
⮕ Des projections en boucle de 22h à 3h du matin (débuts des boucles à 22h, 23h, 23h45, 00h40 et et 1h40)
Cinema takes over the city for Nuit Blanche, turning public space into a fleeting canvas of projection. The works of visionary filmmakers — Delphine Seyrig, Alice Guy, Germaine Dulac, Chantal Akerman, Agnès Varda and Jacqueline Audry — light up the night with their singular voices. Paris and cinema merge into one. The city becomes cinema’s skin, its pulse, its stage — both a place of emotion and reflection. The films, shown in full, resist fast consumption. Instead, they invite viewers to slow down, to contemplate, to let themselves be carried away by unexpected images and new ways of seeing.
Agnès Varda, L’une chante et l’autre pas, 120min, 1976.
Agnès Varda, an iconic figure of poetic and politically engaged cinema, consistently made her art an act of resistance — a space for freedom and emancipation.
With L'une chante, l'autre pas (One Sings, the Other Doesn't), she immerses viewers in the story of two women fighting for autonomy and the right to control their own bodies, at a time when such topics remained deeply taboo. Blending music, documentary, and fiction, Varda transcends traditional narrative structures to deliver a vibrant work that is both deeply personal and profoundly universal. To screen this film is to affirm that artistic commitment knows no borders, no eras: it illuminates past struggles, echoes those of today, and inspires those yet to come.
Place Ferdinand Brunot (Parvis of the 14th arrondissement town hall), Paris 14th
Jeanne Dielman 23, Quai du Commerce, 1080 Bruxelles,198 min, 1975.
This choice is a statement. Jeanne Dielman, 23 quai du Commerce, 1080 Bruxelles is a radical film — a feminist and experimental masterpiece that defies narrative conventions. It unveils a woman’s daily routine, gradually revealing the tension and confinement of her existence through the repetition of gestures and the quiet absence of dialogue. With this meticulous staging, Chantal Akerman delivers an act of resistance: against speed and convenience, against the erasure of silent, invisible lives. To project this film in public space is to reaffirm cinema as a site of insubordination — a powerful weapon. It is to declare that Art is also a struggle—a form of resistance and freedom.
Place des Fêtes, Paris 19th
Sois belle et tais toi, 121 min, 1976.© Centre audiovisuel Simone de Beauvoir, restored by la Bibliothèque nationale de France
This essential documentary gives voice to internationally renowned actresses as they speak about their place in the film industry, powerfully and lucidly exposing the injunctions, inequalities, and oppressions they endure. By collecting these testimonies, Delphine Seyrig engages in a form of cinematic resistance: one that reveals what is usually hidden, challenges established norms, and reclaims the right to speak freely.
Saint-Paul Gardens sports ground 9 rue Charlemagne, Paris 4th arrondissement
© 1950 Memnon Films, 1959, Les Films de la Pléiade
Jacqueline Audry's Olivia, considered by many specialists to be the first lesbian film, is presented.
Jacqueline Audry, whose work has often been overlooked by the history of cinema, is one of the few female directors to have imposed her voice in a post-war French cinema still locked down by men. Her work examines the construction of women's desires and the weight of social conventions. Where the cinema of her time tended to freeze women in archetypes - devoted mothers, innocent ingenues or manipulative fatalists - the director films ambivalent heroines, free to experiment with their own trajectory. The rediscovery of this film also highlights the blind spots in the history of cinema : why was Jacqueline Audry, despite her public success, so little considered by critics and institutions? Why hasn't her work found the place it deserves in the collective memory of the 7th art?
Place Nathalie Sarraute, Paris 18th arrondissement
Madame à des envies, 4min, 1906.
© Madame a des envies, production Gaumont, 1906.
La Souriante Madame Beudet, 38min, 1923. © Tous droits réservés par les artistes, autorisation de Light Cone (Paris)
With these two proposals, two avant- gardist viewpoints on the female condition come together. Alice Guy's film is an audacious burlesque comedy about a pregnant woman overcome by irrepressible desires, humorously hijacking the codes of the cinema of the time. The first fiction director of history demonstrates a remarkable sense of rythm and freedom of tone. Germaine Dulac's is considered by some to be the first lesbian film and feminist film in history. The film depicts a woman, married to an unimaginative, authoritarian man, dreaming of escaping her haunting daily routine. Germaine Dulac's innovative work on editing and the expression of inner thoughts creates a brilliant poetic drama.
Façade of the building at 115 quai de Valmy, Paris 10e